Amadou

Liberté de la presse : La Mauritanie 55e sur 180 places, le classement du RSF est-il objectif ?

La Mauritanie 55e du classement annuel de Reporters Sans Frontières occupe cette encore la première place du monde arabe, en matière de liberté d’expression. Cette publication du rapport du RSF, intervient quelques jours avant la journée internationale de la presse (le 3 mai). Mais ce rapport reflète-il fidèlement la situation de la presse mauritanienne ? 

L’ONG international Reporters Sans Frontières (RSF) a publié le 26 avril dernier, son rapport annuel sur la liberté de la presse dans le monde. L’indice du classement qui met en exergue les atteintes à la liberté de la presse dans le monde, souligne une « légère dégradation globale » depuis l’an dernier.  La Norvège est première de la classe et la Corée du Nord ferme le rang.

La Mauritanie quand à elle, est classée 55e sur 180 pays, 8e au niveau africain et 1er du monde arabe. Comme on pouvait s’y attendre, les autorités mauritaniennes se sont empressées de se féliciter de ce classement. Le pays d’Ould Abdel Aziz a cependant perdu sept points par rapport à l’année dernière. Commentant ce recul, le Porte Parole du gouvernement a estimé que « la Mauritanie n’a pas reculé de 7 points, mais certains pays ont évolué positivement pour se retrouver au niveau de la Mauritanie ».

Mais pour le RSF, la raison est tout autre. Contacté par nos soins, Clea Kahn-Sriber Responsable du Bureau Afrique indique la situation d’Ould M’kheitir condamné à mort pour billet de blog jugé blasphématoire envers l’islam et son prophète (PSL), a « fait chuter le score de la Mauritanie cette année. A cela, s’ajoute « un contrôle important bien que diffus de la part de l’Etat et les réformes législatives annoncées ne se matérialise », précise la responsable de RSF.

Ould M’kheitir

Un certains nombre de confrères ont protesté (en chuchotant), dans les bureaux et cafés de Nouakchott contre la raison « première » de la chute de 7 points du pays. Selon eux, Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir « n’est un journaliste et ne travaille pas dans la presse, donc sa situation ne devrait peser sur la balance de la liberté de presse en particulier mais plus tôt sur celle de la liberté d’expression de façon générale ». Ont-ils raisons ou tord ? A méditer.

Méthode

La méthode utilisée pour la mise en place de ce classement soulève questions. Nous avons donc adressé un mail Emily Boulay Directrice de la communication et Prem Samy Responsable du classement de RSF, pour éclaircissements. Huit jours après l’accusée de réception, Clea Kahn-Sriber Responsable du Bureau Afrique a répondu à nos questions.

« Le Classement de RSF est établi sur la base des réponses au Questionnaire du Classement. Ce questionnaire est soumis à un pool de répondants: journalistes mais aussi parfois professeurs d’université ou juristes spécialisés dans les médias ».  Toujours selon Clea Kahn-Sriber, ce classement est « une photographie de la situation de la liberté de la presse, fondée sur une appréciation du pluralisme, de l’indépendance des médias, de la qualité du cadre légal et de la sécurité des journalistes dans ces pays ».

Le climat aujourd’hui en Mauritanie pour la presse et les journalistes est loin d’être serein. Clea Kahn-Sriber Responsable Bureau Afrique de RSF

 

Pour elle, « Il n’est donc pas un palmarès des politiques publiques (…) et n’est pas non plus un indicateur de la qualité de la production journalistique dans un pays. » L’on est tout de même tenté de s’interroger: n’y a-t-il pas une dose de subjectivité dans tous çà ? En effet, ce sont des personnes x (anonymat) qui répondent à questionnaire et donnent donc un point de vue.

« Subjectif »

La réponse viendra de Prem Samy (le même) chargé du classement à RSF. Contacté par JeuneAfrique, il a confié que « l’échantillon interrogé varie, selon les pays, entre cinq et une dizaine de personnes, parfois davantage ». Selon le responsable du RSF, « Il y a une dimension subjective, c’est sûr ».

Mieux que le Sénégal

Toujours est-il que la Mauritanie arrive devant son voisin sénégalais. Pourtant les médias sénégalais semblent avoir une certaine marge de manœuvre. Beaucoup plus qu’en Mauritanie.  La presse mauritanienne serait donc plus libre que celle sénégalaise. Mieux, le pays pointe à 16 longueurs derrière la France et à 12 des Etats Unis. La France, pays des droits de l’homme et les USA celui du premier amendement.  Quelle prouesse !

Climat de « liberté »

Il est vrai que la Mauritanie a supprimé le délit de presse, la liberté  « diffusion » existe, mais le bâton n’est pas très loin. En effet, on peut toujours utiliser une disposition du code pénal, pour envoyer un journaliste en prison. L’année dernière, les journalistes Babacar et Jedna l’avaient appris à leurs dépends. Toujours courant 2016, une émission à forte audience du journaliste Ahmed Weddia avait été censurée.

 

Mort annoncée 

Notons enfin, les ressources financières quasi-inexistants, plombent le rythme de production des médias, engendre des retards de salaires et obligent certains à ce plier aux désirs de l’annonceur. Reporters Sans frontières le souligne d’ailleurs. Depuis un moment, la presse privée ou indépendante ne reçoit plus les annonces des sociétés publiques. Nombreux sont les patrons de presse, qui estime ceci n’est qu’une censure qui ne dit pas son nom.

Amadou SY


Débat – Présidentielle France: Self contrôle de Macron et contre-vérités de Marine Le Pen

Hier mercredi 03 mai,  nous avons été des milliers à délaisser la demi finale de la Champions league qui opposait Monaco à la Juventus, pour suivre le débat d’entre deux tours. Nombreux sont ceux qui ont été tendu l’oreille comme s’ils étaient sourds et écarquillés les yeux tel un myope (rien contre les myopes). 

A l’arrivée, Emmanuel Macron a eu face à elle, une Marine Le Pen  surexcitée qui nous a cassé les tympans avec ses rires jaunes, humour noire et ses mensonges. Oui, j’ai bien mensonge.

La patronne du FN très relaxe ou trop stressé, semblait être sous l’effet de quelque chose. Quoi exactement? Je ne sais pas. Et si c’est une nouvelle recette pour perturber le jeune Macron, c’est un échec total. Et dire qu’elle est qualifiée en finale, au deuxième tour autant pour moi de la présidence en France. Le site 20 minutes a brillamment résumé la prestation de Marine Le Pen à travers une compilation de ses ricanements.  


Le débat présidentiel au rythme des ricanements… par 20Minutes

D’aucun s’accordent pour dire qu’Emmanuel Macron s’en est mieux sorti. En effet,  le jeune loup en pole position dans cette course à la Présidence de la République française a affronté un outsider en manque d’arguments. Non seulement Marine a gueulé toute la soirée devant, mais elle a semblé ne maîtriser les sujets qui importent les français. L’économie par exemple. Macron quand à lui est apparu sous un nouveau jour. Un débit de voix plus constant et un self contrôle qu’on ne lui connaissait pas.

Oui revenons sur les mensonges de madame Le Pen ou à ses approximations. Face à Macron (ancien ministre de l’économie), Marine a tout simplement déclaré « De 1993 à 2002, toutes les grandes entreprises françaises pouvaient payer en euros ». Cette affirmation de la candidate admise au second de la présidentielle, est tout simplement fausse. D’ailleurs, le site du journal Le Monde est revenu sur les « dix neufs mensonges » de Marine Le Pen.

Emmanuel Macron, champion de l’esquive est toujours aperçu comme un candidat difficile à cerner, un peu secret. Il inspire toujours méfiance, à juste titre peut être. Quoiqu’il en soit, à trois jours de l’heure de vérité, les yeux du monde, de l’Afrique notamment restent braqués sur la France. Le risque de voir le féminin Donald Trump à l’Elysée n’est pas totalement écarté. L’électeur est roi, qui sait ce qu’il fera.


Mauritanie : Grève des chauffeurs de taxi, Nouakchott paralysée

La capitale mauritanienne, Nouakchott, est frappée par une grève des chauffeurs de taxi, depuis lundi 1er mai. Ce mouvement d’humeur intervient au moment où de nouvelles dispositions en matière de circulation routière entrent en vigueur. 

Un petit tour dans les artères de Nouakchott ce mercredi matin permet de constater que la grogne s’est assouplie. En effet, on trouve des taxis plus facilement et surtout avec le tarif habituel. Selon le site d’information cridem la grève est finie.  Mais revenons sur les causes de ce malaise sociale. 

Annoncées depuis un moment, les nouvelles mesurent exposent les contrevenants à des sanctions financières allant de 6000 Ouguiyas (10 000 FCFA) à 20 000 Ouguiyas. Ceci n’est pas du goût des chauffeurs de taxi qui l’ont fait savoir, ce 1er mai (fête du travail). Une couleuvre difficile à avaler. En effet, la grève qui a commencé à Nouakchott, s’est propagé à l’intérieur du pays.

Résultats

Hier mardi 02 mai, Nouakchott semblait s’être vidée de ses habitants. Nombreux sont ceux qui n’ont pas pu aller au travail, à l’école ou à l’hôpital faute de taxi en circulation. Les plus chanceux se sont résolus à payer le double, voire le triple du tarif (pour une course). Ce, tout de même  après de longues minutes d’attentes et de marche.

Le mouvement d’humeur s’est par ailleurs propagé à l’intérieur du pays. En effet,  la ville de Boghé située 300 Km au sud de Nouakchott et Nouadhibou à 470 Km au Nord de la capitale, ont été touchées.

Raisons du malaise

Dans les foyers et bureaux, c’est l’incompréhension. Beaucoup s’interrogent « pourquoi les taxi-man protestent ils contre les dispositions prises par le Groupement Général de Sécurité des Routes ? » Un des taxi-man grévistes, a tenté de répondre à cette question en ces termes : « Le président veut nous appauvrir (…) les mesures sont disproportionnées ».

Il est vrai que pour un pays sous développé comme la Mauritanie, distribuer des contraventions (amendes) une rayure sur le pare-brise ou encore des rayures sur les ailes d’un véhicule, semble exagéré.

Sauver des vies

Pour autant, ces nouvelles mesures contiennent des dispositions qui sauveront certainement des vies. En effet, voir un chauffeur de taxi brûler un feu rouge ou traverser un carrefour sans ceinture de sécurité et téléphone collé à l’oreille, est chose banale en Mauritanie.

Je me demande si cette phrase : « les règles sont faites pour être brisés », n’est pas sortie de la bouche d’un mauritanien.

Notons par ailleurs que les mesures prises, ne concernent pas que les chauffeurs de taxi. Tous ceux qui commettront des infractions du code de la route, qui il faut le dire est violé night and day seront sanctionnés à coups de PV (contraventions).

Si la sensibilisation ne marche pas, la sanction s’impose. Oui, cela permettra à ces cercueils ambulants de ralentir aux carrefours et de s’arrêter aux feux de signalisation. Ainsi, on fera l’économie d’accidents et les cœurs arrêtons de battre à mille à l’heure à chaque qu’un taxi s’approche des feux de signalisation.

Jusqu’ici, nulle ne sait combien de temps cette grève des chauffeurs de taxi va durer. Pour l’heure, les citoyens se débrouillent comme ils peuvent pour vaquer à leurs occupations. Tandis que les feignants se réjouissent. Oui, ils ont trouvé un prétexte pour prolonger le week-end.