Mauritanie: Cas AMAM, de la liberté d’expression à la liberté de répression

Article : Mauritanie: Cas AMAM, de la liberté d’expression à la liberté de répression
Crédit:
19 mai 2017

Mauritanie: Cas AMAM, de la liberté d’expression à la liberté de répression

On était vendredi 19 mai, 15 heures quand la nouvelle est tombée.  La cinquième édition des journées d’échanges et d’intégration culturelle de l’Association Multiculturelle pour un Avenir Meilleur (AMAM), est reportée. L’activité annuelle d’AMAM n’est plus autorisée par les autorités administrative. Aucune raison officielle n’est invoquée mais un bus remplis de forces anti-émeutes a est dépêché sur les lieux. Objectif, bloquer l’accès au Parc Biodiversité, où devait se tenir l’événement et disperser les récalcitrants. 

Selon les organisateurs, c’est à « deux heures du démarrage » que le Hakem du KSAR leur a « notifié verbalement que l’activité n’est plus autorisée, cette semaine ». Une autre demande d’autorisation est nécessaire si AMAM veut tenir sa 5e édition.

Initiées en 2011, les journées d’échanges et d’intégration culturelle d’AMAM, sont traditionnellement organisées « sous le haut patronage » du Ministère de la Culture et l’artisanat. Cette édition devait se tenir du 19 au 21 mai, toujours en collaboration avec le dit ministère. C’est ce qu’indique le communiqué de l’ONG publié le 11 mai dernier.  Le texte du dit communiqué souligne que « Cet événement placé sous le haut patronage de du Ministre de la Culture et de l’Artisanat aura pour thème : « Jeunesse contre la Violence ».

Ces célébrations devaient coïncider avec la journée mondiale de la diversité culturelle, cheval de bataille de l’ONG. A travers des expositions, conférences et concerts, l’ONG AMAM entendait « mettre en place un cadre d’échanges, de brassage et de connaissances des différentes communautés présentes en Mauritanie ». Les actions prévues à l’occasion de cette 5e édition avortée (pour le moment) se déclinent ainsi:

  • La sensibilisation aux droits humains;
  • Plaidoyer pour l’alphabétisation
  • La promotion pour l’abandon des mariages précoces;
  • La lutte contre le gavage et les mutilations génitales féminines;
  • Les échanges et l’intégration culturelle. 

 


L’annulation à la dernière minute de cette activité a été apprécié différemment à Nouakchott. Pendant que les organisateurs étaient sonnés, les internautes eux semblaient s’y attendre. Cette interdiction de l’activité phare d’AMAM intervient un mois après la condamnation d’Oumou Kane, Présidente d’AMAM à trois mois de prison avec sursis pour organisation « d’une marche non autorisée ».

En effet, beaucoup sont convaincus que l’engagement de Oumou Kane, Présidente d’AMAM lors de la marche des jeunes le 16 avril dernier est la cause de ce peau de banane sur son chemin. Ce groupe de jeunes qui réclamait une « implication forte des jeunes dans les instances de décision » entre autres revendications, avaient été accueillis à coup de matraques et de gaz lacrymogènes. Ils seront par la suite arrêtés, déférés et conduits devant le juge.

 Aussi absurde que cela puisse être, le retour de bâton est monnaie courante en Mauritanie. Il suffit de dire un moment qui déplaît le pouvoir, pour qu’on te mette des bâtons dans les roues. Pourtant, le gouvernement partout que la Mauritanie « est un pays où liberté d’expression est une réalité ».

Ce qui est encore plus vrai, c’est la liberté de répression. Oui, celle là est visible à l’oeil nu. Ceci rouvre l’interne débat « liberté régulée ». Le paradoxe dans tout cela, que l’on réprime les associations quand elles n’ont pas de récépissés. On fait de même quand elles en ont une. En fin de compte la seule constance, c’est la répression. Je reviendrai sur ce dernier point dans mon prochain billet.

Partagez

Commentaires